10 h.30 - Messe -
Allocution de M. le Chanoine PAYEN
12 h.30 - Déjeuner Pique-nique 15 h. - Tableaux de quelques
évènement familiaux 17 h. - Goûter Pique-nique dansant
• Sur les 563 descendants vivant au
30 Juin 1946 - 420 était présents à cette réunion.
-3-
A L L 0 C U T I 0 N de Mr le Chanoine PAYEN prononcée au cours de la Messe
célébrée sur le perron de la Greysolière
________________
Ces mots que l'on prononce
d'habitude de façon si banale, et que l'on écoute de façon si distraite, prennent
aujourd'hui un sens profond et cordial, car ici nous sommes tous frères par le
sang…….
Et c'est une joie pour tous de nous
retrouver dans cette demeure et dans ce jardin où nous avons passé les
années heureuses de notre enfance. Merci à celui qui nous accueille et qui a succédé
ici à son père qui fut si bon et si aimé de nous tous.
Ceci n'est pas un sermon, mais
simplement quelques mots qui nous maintiendront dans cette atmosphère familiale où
nous voulons passer cette journée.
Je voudrais énumérer seulement ceux
que le Bon Dieu a pris :
En premier lieu ceux qu'Il a pris à
son service : et d'abord- par rang d’âge - celui
qui vous parle et qui est depuis six ans Curé de la Paroisse de St Augustin. - le R.P. Louis Berne, S.J. au
Chatelard - spécialiste des mouvements jocistes et des retraites de fiancés. -le R.P. François Dupré ln Tour,
S.J. Docteur ès-sciences et en médecine - chancelier de l’université de BEYROUTH. - le R.P. Bernard Gindre, S.J.Père
spirituel, rue Ste Hélène. - Augustin Dupré la Tour, novice à
Yzeure. • Lucien Rérolle, juvéniste à
Yzeure. - Didier Rimaud, novice jésuite. • Edouard Payen, séminariste du
Prado, au Séminaire du Puy. - Lucie Dupré la Tour, Religieuse
de Chevreul. • Jeanne, sa sœur, Auxiliatrice du
Purgatoire. • Odile Sabran, Bénédictine à la
Rochette. - Chantal Teyssier de Savy, novice
bénédictine à Dourgnes. Ceux que le Bon Dieu a pris dans
son Paradis : Je ne veux parler ici que de ceux
qui sont morts pour la France : et d'abord, à la 1ère génération,
notre oncle Charles Payen, qui s'engagea à 20 ans en 1867 dans les Zouaves
Pontificaux et revint décoré de la Médaille de Montana, pour partir bientôt au
77ème de ligne avec son frère Ennemond. Il fut 11R6 l 'attaque du BOURGET; son
corps repose dans notre tombe de famille d' ECULLY. La 2ème génération est celle de la
Grande Guerre; vous vous souviendrez des noms de : .......
- 4-
Louis Payen - cité à l'Ordre de
l'Armée et du Corps d’Armée, Chevalier de la Légion d’honneur,
sous-lieutenant au 359 ème Régt. d'infanterie. "Officier très brave le 15 Juin
1916 ; ayant ou deux commandants de compagnie blessés successivement, a
pris le commandement de son unité et par son calme et son énergie la
maintenue sous un feu des plus violents. "Tué devant Verdun le 17 Juin 1916
à l'âge de 31 ans. Son frère : Pierre Payen - Sergent au 140 ème
d'Infanterie, disparu le 18 Août 1916 dans une attaque au Nord de Verdun.
Médaille Militaire. Adrien de Thoisy, gendre de notre
oncle Cyrille Cottin, Capitaine au 15ème Chasseurs à Cheval, Chevalier
de la Légion d'Honneur - Cité à l'Ordre de l'Armée - Tombé devant
Dammard le 2 Juin 1918. "S'est jeté à la tête de sa
Compagnie à l'assaut d'un village "qu'il a emporté dans un élan
irrésistible. A été tué en disputant "sa conquête à une contre-attaque." Alfred d'Eyssautier, gendre de
notre oncle Edouard Payen, lieutenant au 297ème d'Infanterie : "Officier admirable de sang-froid
et d'énergie. Sur le front depuis le début, il a participé à tous les
engagements à la tête d'une Compagnie de mitrailleuses qu'il a
commandée avec compétence et autorité. "Blessé grièvement à Verdun et
décédé des suites de ses blessures le 2 Décembre 1919. Ajoutons à cette liste : Henri Payen qui est décédé à 39 ans
le 14 Avril 1933 des suites de la guerre et d'une maladie contractée
pendant sa longue captivité en Allemagne. Pendant la dernière guerre d'autres
noms sont venus allonger cette glorieuse liste. Jacques Neyron de Champollon,
cendre de Gabriel Gindre, mort pour la France à Eppeville (Somme) le 5
Juin 1940 à l'âge de 26 ans. "Adjudant au 140 ème Régt.
d'Infanterie (régiment de Pierre Payen) "d'une rare bravoure, admiré de
ses hommes, ayant l'estime de ses "chefs, blessé mortellement à son
poste de combat au cours de l'attaque ennemie sur le Canal de la Somme." Cité à l'Ordre de la 70ème Armée -
Médaille Militaire.
Marc Payen - fils de Charles,
Sergent au 4 ème Régt. de tirailleurs Tunisiens. Médaille Militaire et
Croix de Guerre. Voici le texte de sa dernière
Citation à l'Ordre de l'Armée : "Jeune sous-officier ayant fait
preuve des plus belles qualités "de courage, de dévouement et de mépris
du danger. D'une haute moralité et d'un désintéressement absolu, il
était toujours volontaire pour les missions les plus périlleuses. "Glorieusement tué le 6 Octobre
1944, face à l'ennemi, à Ferdrupt à la tête de son groupe qu'il
conduisait à l'attaque de casemates ennemies. Déjà cité et blessé. Enfin Louis Payen - encore un Louis Payen
- fils d'Henry - proposé pour la Médaille militaire. "Candidat à St Cyr, n'acceptant pas
l'humiliation de la défaite, est entré en Janvier 1943 au Réseau
S.R."Alliance" pour y participer au combat de la délivrance. D’une
élévation morale remarquable
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"pour son âge, d'un courage à toute
épreuve, a fait l'admiration "de ses camarades au cours des missions de
liaison et de sécurité "qui lui ont été confiées. Arrêté par la Gestapo
au cours d'une mission de transport d'armes et de matériel d'émission,
il a été massacré à Pforzheim le 30 Novembre 1944 après 17 mois de
cellule et de mauvais traitements.o "Est de ceux qui, tout jeunes, ont
su montrer la route de l'honneur cour et préparer celle de la Victoire." Voici quelques lignes extraites de
ses dernières lettres de Montluc : "Du moment que Dieu a permis tout
ce qui est arrivé, c'est qu'il on était mieux ainsi. Aussi je
m'abandonne complètement dans ses mains, il fera de moi ce qu'il
voudra. Je le suivrai et l'en remercierai. J'ignore quel sera mon sort.
Quel qu'il soit je resterai toujours fidèle à Dieu et aux principes que
vous m'avez inculqués. Je n'oublierai jamais que je suis routier Scout
de France. Toujours vous pourrez être fiers de moi." En entendant ces paroles, eh
admirant des exemples, notre coeur est &su, mes yeux se remplissent
de larme, mais nos fronts se redressant avec fierté, car nous
constatons que, dans toutes les guerres, les nôtres sont les premiers à
offrir leur sang pour le salut de notre Pays. Tertullius disait
"Sanguis rartyrum semon christianorum". Nous pouvons dire de mémoire
que le sang de nos morts a 6t6 une semence de chrétiens fervente et le
meilleur gage de la fécondité et de la prospérité de notre grande
famille. Je voudrais encore vous citer les
belles paroles que prononçait le Souverain Pontife, S.S. Pie XII, le 29
Juin 1949, dans son Radio-Message aux familles françaises à l'occasion
de leur consécration au Sacré-Coeur. "La valeur de la prospérité d'un
peuple résident, non pas dans l'action "aveugle d'une multitude confuse
mais dans l'organisation normale des familles "saines et nombreuses où
règne, sous l'autorité respectée du père, sous la cage et vigilante
prévoyance de la mère, l'union intime et confiante des enfants. "Chaque
famille s'étend, se dilate dans la parenté unie par les liens du sang,
"et des alliances entre les familles y ajoutent encore leur
enchevêtrement et "constituent maille par maille, tout un réseau dont
la souplesse et la solidité "assurent l'unité à la Nation, à la grande
famille, au grand foyer qu'est la "Patrie." Des familles comme la nôtre, par
leur nombre, par leur union dont cette assemblée est la preuve, par
leur ferveur chrétienne, constituent les assises solides dont notre
chère France. Puisse-t-elle tout en restant unie,
devenir de plus en plus nombreuse, de plus en plus chrétienne, et que
la bénédiction de notre cher Cardinal que je vais vous transmettre,
soit un gage de la réalisation de ce souhait que je forme de tout mon
cœur. Ainsi soit-il.
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RÉSUMÉ de la MÉDITATION du R,P.
BERNE a l'issue de la MESSE A l'issue de la Messe, le Père
Louis BERNE, S.J., s'adresse au Christ au nom de tous ceux qui
viennent, si nombreux, de communier. Il Le remercie de ce don de la Foi
en Lui, de l'amour intime de Lui, qui, si loin que l'on remonte dans
les souvenirs, semble faire corps avec la famille. Aine des
arrière-petits-enfants et filleul de Louis Payen, le seul, sans doute,
de cette génération qui en ait gardé un souvenir personnel et vivant,
il a encore le souvenir de son arrière-grand-père et parrain, de sa
bonté - il se rappelle l'avoir vu sur ce môme perron partager entre ses
petits-enfante et lui-môme, l'arrière-petit-fils, dos petites boules de
gomme violettes, les coupant avec des ciseaux de poche, parce qu'il
n'en avait pas assez. Il évoque le souvenir de son inflexible honneur
commercial, de sa droiture, de son esprit de devoir. Il évoque ensuite le souvenir de
ces saintes femmes qui ont fait la religion vivante de la famille, plue
encore que ne l'ont fait les hommes; colles de jadis qu'il n'a pas
connues, celles qu'il a connues, ses saintes grandes-tantes, sa chère
grand-mère Cottin. Il remercie spécialement le Christ
pour ce sons aigu du devoir familial, et magnifiquement conservé, et
dont ces enfants rayonnants et si magnifiquement nombreux en ce matin
même, sont la preuve. Il dit le réconfort, à
l'heure oit une partie de la bourgeoisie désespère d'elle-même, de sa
mission, et quitte la France, de se retrouver ainsi autour du Christ
comme pour affirmer simplement, par les faits, et spécialement par
cette communion e il y a une bourgeoisie chrétienne, et chrétienne
profondément, qui garde confiance en elle-même. Il remarque l'influence profonde,
exercée au soin do la nation, de cette Franco ardemment aimée, par tous
ceux qui ont occupé, non pas tous des postes de premier plan..., mais
tous deux postes d'utilité dans les cadres soc:lieux du pays, donnant
en particulier l'exemple de l'amour pour leur personnel, de ce
personnel toujours considéré par eux comme des amis et des
collaborateurs à la fois. Il termine en assurant le Christ,
pour le remercier de tant de dons, de la fidélité de tous à s'aimer et
à aimer leurs frères. Il Le supplie de maintenir, entre
tous et toujours, le miracle - c’en est bien un- de cette intime
union sans fissure.
- 7 -
TABLEAUX de QUELQUES ÉVÉNEMENTS FAMILIAUX PROLOGUE par Stéphane BRACHET A vous, tous réunis dans ce parc
ombragé, Il faut bien, aujourd'hui,
rafraîchir la mémoire, que de monde assemblé, direz-vous! Quelle
histoire saura tout simplement, sans détours, nous conter Pourquoi,
lora d'un beau jour de ce printemps de grâce, Par un enchantement
singulier, de se place Chacun peut dire à ton voisin, à sa voisine, En
souriant : Bonjour cousin, bonjour cousine. Cette histoire est pourtant
facile à raconter. Voile cent ans partait de cette pauvre terre Notre
aïeul Jean Payen. Par tous, il fut pleuré comme étant juste, bon et
d'heureux caractère. Dieu sut lui ménager des épreuves sévères, Mais
aussi lui donner la consolation. D'avoir, pour supporter les époques
amères, Uno épouse admirable et dont la dévotion a su remplir de grâce
et do vertu sereine Lo foyer où sont nés nos aÏeux bien aimés. Voilà
pourquoi, dans l'allégresse ou dans la peine, Il faut que nous
tournions les yeux vers ces aînés À qui nous devons tout, le vie et la
sagesse, L'amour de la grandeur, l'amour de notre sang Et les foyers
nombreux que nous voyons sans cesse Fleurir pour maintenir ce qui est
noble et grand.
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INTRODUCTION AU PREMIER TABLEAU
Une arrière-petite-fille de Louis
Payen : Vicomtesse Pierre do Loiray Un arrière petit-gendre de Louis
Payen: Jean de Pascal Le prologue vient d'être dit. Le
Compère après quelques exclamations monte sur la scène. " Décidément je joue de malheur 1..
Depuis ce matin j'erre dans toute cette foule sans pouvoir reconnaître
personne. Je viens enfin d'apercevoir quelqu'un de connu. J'appelle au
secours, je me précipite, je vais, cours, vole et....ce n'était qu'un
mirage. La silhouette a disparu et je me trouve encore une fois aussi
étonné, ahuri, éperdu, que le poulet qui vient de sortir de l'œuf.
Mettez-vous donc un peu à ma place. Réfléchissez à mon malheur. Ce
matin ma femme m'a pris une main, ma bulle-mère l'autre et toutes deux
m'ont tiré ioi. Ah 1 il avait bien raison celui qui plaignait son
gendre en disant Mais aussi "Qu'allait-il faire dans cette galère !." Oui, je me demande ce que je viens
faire ici. Pas un geste, pas une parole, sans se heurter au rempart
familial. Voulant avoir l'air de connaître les uns et les autres, je
tutoie familièrement un enfant de douze ans. Coup d'œil fulgurant de ma
belle-mère : "C'est votre oncle" me dit-elle tout bas. Boitant le
terrain dangereux, je ma glisse du cet& des vieilles dames s "Mes
hommages ma tante,... rais oui, ma tante..." Et voilà encore mon ange
gardien sur mon dos pour me dire "C'est votre nièce". Pour être juste, du reste, je dois
avouer que le courroux de ma belle-mère est tout à fait naturel.
Figurez-vous que Munie d'une généalogie, Un beau jour ma belle-mère Voulut me faire connaître qui Ma femme a pour ancêtres. Elle m'implora tant à genoux Que je m'y décidais du coup Mais il faut bien le dire, Je n'y compris rien du tout. Quand on est vraiment un gendre Il faut mériter son nom, Avant tout n'y rien comprendre Comm' les descendants du nom. Faire de Juliette Récamier La grand-mère d'Antoine Terret Et du reste de la famille Un mélange de noms sans nom.
Pendant ce temps la Commère fait
son apparition.
- 9 -
Mon Cher vous me semblez surpris En
me voyant paraître; Mais je viens vous trouver ici Et je me fais
connaître. Votre cousine, je le suis, car mon père est Joson Cottin Et
Cottin c'est Payen Nous sommes donc cousins. Vous dites que vous êtes un gendre,
Je suis descendante du nom Mais pour ne rien y comprendre je m'y
entends spécialement. Jo crois même qu'il serait bon de faire une
coalition Et que tous les deux ensemble Un moment nous méditions.
Le Compère - Ce ne serait peut-être pas une
mauvaise idée. Essayons de comprendre les personnages qui vont paraître
devant nous. - Voyons le programme. - La Commère - Rajeunissons, rajeunissons, nous
sommes en 1761. Jean Payen notre aieul vient de naître, ot nous sommes
chez eon père, Jean-François et sa femme Catherine Palyard qui
reçoivent en l'honneur de son bapême Le Compère Donc Honoré Palyard,
secrétaire du Roi, se trouve être le Beau-Père de Jean-François et
grand-père du nouveau-né. Les deux autres, Palyard de l'Epinois et
Palyart de Sailly sont les frères de la jeune mère. la Commère Quant aux autres, Madame de la
Roche....etc sont-ce des amies ou des parents, je ne sais pas ?
Le Compère Un coup d'œil sur la généalogie.—
1761 .... Je ne trouve pas ces noms. Ce sont sûrement des amis. Mais
rappelez-vous, un superbe arbre généalogique a été dressé dans le salon.
La Commère Comment ? Mais je ne savais pas ! Le Compère - Mais si ! La Commère et le Compère Eh bien, allons donc voir ! 1er TABLEAU par Henry Morel Journel Réception chez le jeune ménage Jean
François Payen à l'occasion du baptême de leur fils Jean (1761). PERSONNAGES : Jean-François Payen
d'Urville:33 ans Mme Joan-François Payen d'Urville,
née Palyart, sa femme:28ans Honoré Palyart, Secrétaire du Roi,
son beau-père:65 ans Palyart de l'Epinois, négociant à
Lyon, son beau-frère:25 ans. Palyart de Sailly, Officier
au Régt d'Orléans son b.-fr:18 ans. Mme de la Roche née Giraud, arrière
gd-mère de Louis Payen:75 ans. François Récamier, gendre de Mme de
la Roche:58 ans. Mme François Récamier, née de la
Roche:50 ans Jacquet Récamier, futur mari de la
belle Juliette:10 ans. Mlle Eléonore Récamier,
future Mme Dolphin: 9 ans. Jean Payen: 8 jours.
-10-
Entrent Jean-François et sa femme avec leur bebe, suivie de la famille.
Ils reviennent de l’ église où a eu lieu le baptême. Arrivés sur la
scène ils chantent :
(Air: Marche des Rois dans
l'Arlésienne) Or on ce jour La famille Payen Revenait de l'Église du Village Après avoir Baptisé Jean Payen L'ancêtre Que nous fêtons Pleins d'entrain Tous les Palyart Sont venus d'Amiens pour assister À cette cérémonie Et souhaiter Au nouvel enfant Heureuse vie et Nombreux descendants Or en ce jour Le Choeur chante : (Air: Haie le cœur de ma nie est
petit..) Le petit Jean Payen Est petit Tout petit Petit Mais il est si joli Nous en sommes ravis. Mme J.Fr Payen - Mais il n'a
que huit jours ! Le Gr.pare Palyart- C'est possible,
mais à Amiens, nous fabriquons de plus grands modèles Mme de la Roche - À Lyon, nous
sommes plus modestes. Nous trouvons ce petit Jean Payen très bien comme
il est. Et puis, ce nouveau petit Lyonnais n'a que 50 % de sang
nordique, il est 50 % parisien. Palyart de Sailly - (après avoir
ré-examiné le poupon). Évidemment il est tout petit, mais il a l'air
martial. Il y a de petits hommes qui font de grands guerriers. Palyart de l'Epinois - Le Roi n'a
pas besoin que de guerriers. Jean pourra aussi faire un bon marchand de
soie comme son père. On l'appellera "Le petit Payen", voilà tout. (Air: Dors mon petit Quinein) Viens mon petit Payen Mon p’tit joli Mon chérubin Et tu seras canut Canut de la Croix-Rousse Tu f'ras de beaux tissus Oui tu seras Canut. …...
-11-
Mme Fr. Récamier - Moi, quand je
regarde mon fils, j'ai surtout pour de le voir grandir. Il a tant de
vie, s'intéresse à tant de choses, tant de gens! C'est un papillon et
les papillons se brûlent souvent les ailes.... Ce qui me rassure, c'est
qu'il aime les mathématiques. (Jacques, pendant ce temps, cause dans un
coin avec sa sœur, sans suivre la conversation). Le Grd Père Palyart - Croyez-moi,
Madame, l'amour dos mathématiques n'est pas une garantie. Elles
occupent l'esprit, tais le cœur a, de son côté, ses raisons... que la
raison ne connaît pas. Mme Fr. Récamier - Heureusement il
veut être banquier et les banquiers ne sont pas naïfs. Le Grd Père Palyart - En effet, ce
sont leurs clients qui le sont. Mais qui sait! Quand il sortira de sa
banque, il pourra redevenir papillon, s'éprendre d'un jeune tendron... François Récamier - Mr le
Secrétaire du Roi, vous vous plaisez à inquiéter une mère! Même les
banquiers peuvent faire des mariages raisonnables, je l'affirme
d'autant plus hardiment que je suis banquier. Palyart de l'Epinois - Mais vous,
mon cher ami, vous êtes né coiffé, puisque vous êtes aussi fabricant de
chapeaux. Mme de la Roche - L'Epinois a
raison, François, vous êtes né coiffé. En outre, avant d! être banquier
et chapelier, vous aviez à mes yeux une référence encore plus sérieuse,
vous aviez pensé un instant à prendre le petit rabat Mme Fr. Recamier - Je suis sûre que
c'est pour cela, Maman, que vous aviez tant confiance en lui !...
Beaucoup plus que votre fille ! Rappelez-vous les conseils que vous
m'avez solennellement donnés la veille de mon Mariage, En 1754… Palyart de Bailly (finaud) - C'est
un vieil usage. Mme Fr. Récamier - Mon, Monsieur,
ce ne sont pas les conseils que vous croyez. Ma mère m'a remis une
lettre que j'ai conservée, que je sais par coeur! Elle a été ma règle
de conduite. "Pour être heureux, me disait-elle,
il faut tâcher de rendre les autres heureux et je crois, ma fille, que
vous avez "reçu du ciel ce don qui fera le bonheur de votre époux...." François Récamier (prenant
tendrement la main de sa femme) Il l'a fait. Mme Fr Récamier - "Il vous en
récompensera par une tendresse qui croira chaque jour si vous la
méritez...." François Récamier - C'est ce que
j'ai fait. Mme Fr. Récamier - "Je ne vous
recommande pas de l'aimer...."
-12-
Tous en chœur -Oh !! Mme Fr, Récamier - Attendez !! "Je
ne vous recommande pas de l'aimer, votre coeur affectueux vous y
portera naturellement...." Tous en chœur -Ah!!! Mme Fr, Récamier - "Mais cet amour
ne devra pas vous faire oublier ce que vous lui devez. Il est votre
roi, votre souverain...." Palyart de Sailly - Bravo ! (tapant
sur l'épaule de Fr. Récamier): Vive le Roi! Mme Fr. Récamier - "Sa domination
vous sera douce parce qu'il a de la religion et vous estime. Qu'il
n'entende jamais prononcer le mot "Moi", ni ce mauvais mot "Je veux"...
Jean Fr. Payen - Tu entends,
Catherine ! Mme J.F. Payen - Plains-toi !.. Et
si je disais : "Je veux que tu m'embrasses" (J.F. Payen l'embrasse). Mme Fr. Récamier - "Prévenez votre
mari en tout et soyez persuadée qu'un mari n'est pas un amant et que
vous cesseriez plutôt de manger le pain de noce si vous cessiez d'être
ce que vous devez être. Ne le laissez jamais gronder, ne répondez rien
dans les mouvements d'impatience qu'il pourrait avoir "... Palyart de l'Epinois - Bravo! (Il
tape sur l'épaule de Fr. Récamier) "Veinard". Mme Fr. Récamier - "Votre douceur
vous en vengera assez ! Ne dépensez jamais rien sans son agrément".... Jean Payen - Tu entends, Catherine
!! (Catherine hausse les épaules). Mme Fr. Récamier - "Les jeunes
chrétiennes savent qu'elles n'ont rien à leur disposition, qu'elles ne
doivent même pas faire d'aumône sans l'aveu de leur mari..." Mme J. Fr. Payen - (à Mme de
la Roche) - Vous allez loin, Madame! Vous voulez faire des esclaves des
“femmes chrétiennes”! Mme de la Roche - Il ne faut pas
exagérer. J'entendais que ma fille soit raisonnable, non pas qu'elle
tombe dans le ridicule. Vous trouvez, ma petite, mes principes démodés,
mais est-ce démodé de vou-loir qu'une femme fasse en sorte que son mari
se trouve heu-reux chez lui ? Pour cela, je lui recommanderais, aussi
bien aujourd'hui qu'hier, d'éviter de parler comme à la taverne;
qu'elle laisse à d'autres les propos légers qui font parfois rire la
compagnie mais qui ne la rehaussent pas dans son estime. Le Grd Père Palyart - Vous parlez
d'or, Madame ! Plus je vous écoute, plus je me dis que M. de la Roche a
dû connaître le Paradis sur terre! Mme de la Roche - Oh! Monsieur,
vous vous moquez! J'ai eu mes faiblesses comme les autres; il est plus
facile de donner des conseils que de les suivre.
-13-
J,Fr. Payen - Je suis témoin, ma
mère, que vous avez admirablement élevé votre fille. Vos conseils
devraient être lus à toutes les jeunes femmes qui entront dans la
famille. Mme Fr. Payen - Parbleu ! Ecoutez
le mari-roi, il est satisfait!... Moi je proteste, au nom do toutes
les jaunes épouses ! Le Grd Père Palyart - Elles ne
votent pas. Mme Fr. Payen - Si elles votaient,
elles seraient toutes avec moi. la Grd Père Palyart - Oui, mais les
hommes voteraient tous pour le programme de Mme de la Roche. Mme de la Roche - (en riant) - Je
ne pensais pas à faire un programme électoral en écrivant cette lettre!
Je me rappelle combien j'avais le cœur gros. Je me disais ! Pourvu que,
mariée, elle ne conserve sa tendresse!... Fr. Récamier - Vos inquiétudes
étaient vaines, vous l'avez vu, ma mère. Cette tendresse a même doublé
puisque je m'y suis associé. Ah! Je ne suis pas de ces gendres qui
médisent de leur belle-mère! J.Fr. Payen - Il n'y en a pas, il
n'y en aura jamais dans ma famille! Écoutez plutôt le chœur des gendres
de la famille. (Air: Nous étions 5 à 6 bougres
revenant de Montereau) Comment faut-il conquérir Un descendant des Payen La façon c’est de séduire Pour lui demander la main La belle-mère, belle-mère,
belle-mère, La belle-mère qu'il nous faut. Se marier sans une belle-mère Se suicider autant vaut Pour son gendre et pour sa fille Elle se mettait en lambeaux La belle-mère, belle-mère,
belle-mère, La belle-mère qu'il nous faut. Car un gendre sans une belle-mère C'est un poisson sorti d'l’eau que pourrait-il donc bien faire S'il n'avait toujours sur l'dos La belle-mère, belle-mère,
belle-mère, La belle-mère qu'il nous faut.
Et nous vous faisons grâce du reste
car chaque nouveau gendre de la famille s’applique à introduire dans
cette chanson un couplet de sa fabrication. Fr. Récamier Pourtant, ma mère, m'a
conduite à votre égard ne vous fera pas gagner le ciel... Il vous
faudra trouver une autre voie pour vous y rendre. Mets je vous en prie,
ne vous pressez pas - Noue avons encore besoin de vous - Vous irez,
sans doute, mais à petits pas...
- 14 -
Le Grd Père Palyart - Et si vous ne
devez cesser de vivre que lorsque vous cesserez d'être vénérée,
Mathusalem sera, Madame, votre cadet ! Palyart de l'Epinois, à son frère
en a parte - Eh! Eh! Notre père fait la cour à la douairière Palyart de Sailly - Ne t'inquiète
pas, nous repartons demain pour Amiens.... Et puis, comment veux-tu que
la bonne Madame de la Roche écoute un Palyart ? Notre nom lui ferait
peur !
Menuet dansé par : Mlle Marie-J
Giraud M.
Xavier Valentin du Cheylard Mlle Marie de Lagarde
M. Albert Rondot Mlle Odile Ogier
M. Gérard Sabran Mlle Anne Rimaud
M. Gilles Sabran
INTRODUCTION AU DEUXIÈME TABLEAU Le Compère - J'avais raison, Madame
de la Roche, etc... était bien des amis. La généalogie nous l'a prouvé.
Mais voyons un peu plus loin. Le jeune Jean Payen grandit. La Commère - Oh ! je crois que vous
exagérez. Il me semble justement que le tort de Jean Payen a été
d'avoir oublié de grandir. Le Compère - Oui, je sais. Je puis
même aller plus loin. Connaissez-vous cette chanson : " La maman du petit homme….” La Commère - Naturellement, c'est
une chanson de Botrel. Le Compère - C'est là que
vous vous trompez. Botrel n'a fait que transformer en l'appliquant à un
cas général une chanson composée pour Jean Payent Ecoutez plutôt: Quand Jean Payen vint au
monde Mais d'un heureux caractère L'était si
petit
Il devint soyeux Qu'on disait tout à la ronde
Mena si bien ses affaires Dieu qu'il est petit
Qu'il perdit, grands Dieux, A la rigueur tu peux faire
L'Allemagne et
la Russie Un bon apprenti
C’est beaucoup
trop grand Mais pour être un homme
d'affaire Gare à toi tu perds ta
peine T'es ben trop petit, mon ami,
etc... T'es ben trop petit, mon ami, etc...
Tenac' quand même il s'efforce Mais ce fut en vain Car il n'avait pas de force Le petit Payen La morale de cette histoire Est sans contredit Que trop grand l'on ne doit voir Quand on est petit mon ami Quand on est petit comme lui. Enfin, ce n'est qu'un intermède.
Revenons-en aux faits. Jean Payen a donc grandi en âge et épousé Louise
Delphin. La Commère - J'y suis. Le programme
annonce une réunion chez les Delphin-Récamier, à Lyon en 1810. Donc
Jean Payen et ta femme Louise sont chez leurs beaux-parents. Le Compère - Oui mais je vois bien
d'autres noms : Récamier, Terret, Dupommier, etc.... Je ne sais trop si
ce sont des parents ou amis de cette époque. La Commère - Il s'agit là de
Juliette Récamier. Je sais qu'elle nous est parente. Je voudrais bien
savoir comment. Le Compère - Mais savez-vous. Un
superbe arbre généalogique a été dressé dans le salon. ……..
- 16 -
La Commère - Comment ? Mais je ne savais pas !... Le Compère - Mais si. Le Compère et la Commère - Allons
donc voir. 2éme TABLEAU par Henry Morel-Journel === Chez les Delphin-Récamier, à Lyon
en 1810. PERSONNAGES: Antoine
Delphin 65 ans MMe Antoine Delphin, née Eléonore
Récamier, , 58 ans Jean Payen, son gendre 49 ans Mme Jean Payen, née Louise Delphin,
sa fille 30 ans M. Derbel, son beau-frère 60 ans Jacques-Rose Récamier, son
beau-frère 59 ans Mme Jacques-Rose Récamier, née
Juliette Bernard, sa belle-soeur 35 ans Mme Dupommier, née Récamier, sa
belle-soeur 60 ans M. Ballanche, ami des
Récamier 34 ans J.-C. Terret, grand-père de Mme
Louis Payen - 65 ans Mlle Anne-Marie Terret, sa
fille 20 ans Nicolas Belmont, son futur
gendre 25 ans Entrent Delphin et sa femme. Delphin - Vous avez l'air las, ma
chère amie. Eléonore Delphin - J'avoue l'être
un peu, je n'ai plus mes jambes d'autrefois, mais, comment m'arrêter
?... Il y a tant de misères en ce moment, tant de femmes abandonnées,
tant d'enfants orphelins, avec ses guerres qui ne finissent jamais... Delphin - La gloire se paye cher.
L'Empereur devrait nous accorder cette paix Il qu'il promet depuis son
consulat; il semble qu'elle est toujours pour demain; en attendant, la
nation s'use, elle se courbe sous le poids des lauriers et cela finira
un jour par une catastrophe! Mais voilà Louise et Jean! Jean Payen - Bonjour, mon père !
Mes hommages, ma mère! J'arrive de St Rambert. Bonne pêche ce matin:
trois goujons, c'est peu, mais j'aurais pu ne rien prendre ! Nos fils
se disputaient comme des chats quand nous sommes partis; nous les avons
confiés aux Ménard; alors, tout va bien! Louise Payen - Tout va bien pour
nous, pas pour les Ménard ! Delphin - Et vos affaires,
Jean, êtes-vous content….! Jean Payen- Enchanté ! L'Espagne et
l'Allemagne sont à feu et à sang, mais cela ne m'empêche pas d'y
exporter des soieries. Les femmes veulent plaire, même aux troupes
d'occupation Nos soldats conquièrent les cœurs avec les territoires'
mes vendeurs arrivent sur leurs pas avec leurs tissus dans les fourgons
de l'armée; cela se paie d'une pièce ou deux au chef de convoi; c'est
un vieil usage militaire. …..
- 17 -
Delphin - On me dit que vous devancez mêne les armées en Russie...
N'avez-vous pas peur ?... C’est bien loin... Jean Payen - Pour de quoi ?
L'Empereur y sera bientôt et y rétablira l'ordre. Ce sera le
couronnement de sa carrière, et aussi de la mienne, car, depuis
Catherine II, les dames russes raffolent des modes françaises.
Voyez-vous, mon père, la confiance, c'est la clef du succès et j'en ai
! Si mes concurrents lyonnais sont trop timorés pour le comprendre,
tant pis pour eux! Delphin - Dieu vous entende! Mais
je crains, Jean, qu'un jour, votre optimisme ne finisse par vous jouer
un mauvais tour,.. Louise Payen - Oh! mon père, soyez
sans inquiétude, Jean aurait autant de courage dans l'adversité qu'il
en a dans le succès - D'ailleurs, je serai toujours à son pâté dans la
bonne ou dans la mauvaise fortune ! Jean et Louise Payen - (Ils
chantent) (Air des Gars de la Marine) Mon père, sachez que dans la vie Lorsque que nous sommes tous les
deux Nous n'avons pas froid aux yeux En Allemagne comme, en Russie Le triomphe est assuré Et mérité ! Et si un jour vient la faillite Avec ardeur nous travaill'rons. Courage, confiance et bonne humeur Voilà nous pouvons le dire Le secret de notre bonheur. (Entrent d'Erbel et Mme Dupommier).
Congratulations. D'Erbel est venu
de son domaine dauphinois pour rencontrer les Jacques Récamier qu'on
attend - Mme Dupommier aussi... Delphin (à sa belle-soeur): - Dites
donc à Eléonore de se ménager. Elle n'en peut plus… Mme Dupommier - Cela se voit. Mais
que voulez-vous ? Elle ne m'écoutera pas. "Mère des pauvres, c'est un
titre, le plus beau de tous, mais lourd à porter ! Ma pauvre Eléonore,
voulez-vous donc mourir à la tâche et qu'on l'inscrive sur votre
tombeau ? A ce propos, avez-vous des
nouvelles de cet Anglais qui, il y a quatre ans, vous chargea de
distribuer ses libéralités et, ayant oublié votre nom, adressa sa
lettre "à la dame la plus charitable de Lyon". Ces Anglais, tout de
même, quels types! Et comme ils connaissent mal notre service des
Postes !! Mme Delphin - N'en médisez pas !
J'ai reçu la lettre. Impossible de la refuser, puisqu'elle était bien
pour moi, mais j'en ai été confuse ! Mme Dupommier - Il y a longtemps
que je n'ai vu Juliette, je me demande si les malheurs financiers de
Jacques l'ont abattue...Ma foi, en épousant à 16 ans un homme de 42,
elle prenait des risques. Lui aussi d'ailleurs,.. d'un autre ordre!
Elle n'avait que des goûts enfantins. Sa beauté était ….
-18-
était un autre écueil, ce n'est pas
en étant constamment adulée par cent adorateurs qu'on apprend à aimer
son mari et ses devoirs. Mme Delphin - Jacques l'a plutôt
regardée comme un père que comme un époux; pour s'en faire aimer, il en
a fait une enfant gâtée. Mme Dupommier - Oui, mais elle a de
l'esprit et des talents; elle ne reçoit que des ministres, des
ambassadeurs, des grands seigneurs, des auteurs célèbres, et elle leur
plaît; sa conduite est décente et si elle a rem-pli Paris et l'Europe
du bruit de sa beauté et de ses belles réceptions, c'est qu'elle
croyait que la fortune de son mari le lui permet-tait. A tout prendre,
ma sœur, vous verrez - ou plutôt vous ne verrez pas - qu'un jour
viendra où, de tous les Récamiers, le nom de Juliette seul survivra in
soecula seculorum! Entrent Jean-Jacques Terret, sa
fille et N. Belmont. Congratulations. Présentations par
Terret de son jeune employé Belmont (22 ans), déjà "précieux au bureau
comme dans les oeuvres paroissiales, mon futur successeur et peut-être
mieux encore (coup d'oeil vers sa fille) mais il est trop tôt pour en
parler". (On attend les Jacques Récamier.
Enfin les voilà! Elle gracieuse, aimable -lui bel homme - suivis du bon
ami Ballanche.) (Ceux qui sont dans le salon chantent sur l'air du Sire
de Framboisy) Qui donc s'avance Et vient nous retrouver, Est-ce Ballanche Avec les Récamier Et tra et tra, et tra la la la Mme J. Récamier - Quelle joie, ma
bonne sœur, de vous revoir, et vous aussi, Delphin! Bonjour, Louise, et
vous Marie-Antoinette, et vous, d'Erbel ! Et n'est-ce point M. Terret que
j'ai vu à Paris ?.. Vous venez, Monsieur, m'a-t-on dit, d'être nommé
président de la Société du Commerce et des Arts. Tous mes compliments. Jacques Récamier - (qui a serré des
mains de son côté) - "La Société du Commerce et des Arts''... C'est un
titre bien d'ici ou l'on ne conçoit pas l'agréable sans l'utile. Ballanche- Et si l'on écrivait ;"La
Société du Commerce, des Arts et du Pot de Beaujolais", ce serait une
note encore plus locale! Terret - Taisez-vous, philosophe,
vous êtes aussi gourmand que notre ami Brillat-Savarin! Mme J. Récamier - Qui dit du mal de
ce cher magistrat ? C'est un de mes plus chers amis - à ce point que je
me suis compromise jusqu'à lui donner ma miniature par Augustin, dont
il m'avait avoué qu'il raffolait. Mais de quoi parliez-vous quand nous
sommes arrivés ? Je serais désolée d'interrompre la conversation. Mme Delphin - Nous parlions
d'éducation.
-19-
Louise Payen - Je crains, ma tante,
que vous ne trouviez bien austères les principes que bonne Maman
Delphin veut inculquer à ses petites filles. Elle a fait un projet de
règlement qui comporte le lever à 6 heures -une heure pour la prière et
la toilette - la messe - de 8 h.1/2 à 9 h,1/2 apprendre par cœur des
fragments de nos meilleurs auteurs. Ensuite, devoirs écrits, lectures.
L'après-midi, soins du ménage, leçon de lecture aux enfants, méditation
sur un chapitre de l'Imitation, récréation d'une 1/2 heure. Dîner, puis
travail manuel, Vie des Saints et examen de conscience. Liste des livres à lire : Doctrine
chrétienne de Laumont, Introduction à la vie dévote - Solide piété de
St François de Sales - Combats Spirituels - Traité de la Paix
Intérieure - quelques sermons de Jérusalem délivrée. Bourdaloue et
Massillon - Voyage du jeune Anacharsis - Oraisons funèbres de Fléchier
et Bossuet - Télémaque et la Jérusalem délivrée. Mme J. Récamier - J'avoue que le
programme est sévère, mais, on reconnaît l'arbre à ses fruits et, ma
chère Eléonore, vous êtes une réclame vivante pour votre régime. Je
vous l'ai dit cent fois, mon rêve eût été d'être votre belle-fille; mon
âge serait plus conforme à ce degré de parenté. Jacques Récamier -Mais moi, je ne
pourrais pas devenir gendre de ma sœur ! Vous dites des enfantillages,
ma chère Juliette. Ballanche (bienveillant) -
C'est son charme ! Mme J. Récamier - Ballanche, mon
frère, vous me défendez toujours ! Vous me comprenez mieux que
personne. Je ne pourrais pas me passer de vous et je prescrirai dans
mon testament qu'on vous enterre à mon côté. Jacques Récamier - Cette fois,
c'est pire que de l'enfantillage ! Cela devient inquiétant... Non,
Ballanche, ce n'est pas vous qui m'inquiétez, bien sûr, mais sa santé à
elle ! Cette cohabitation souterraine pour les siècles à venir, quelle
idée... Je me sens de trop dans cette histoire posthume, mais je saurai
en prendre galamment mon parti!. Terret (en aparté à Jean Payen) - A
la place de Ballanche, je serais touché par l'amitié de la belle
Juliette, mais froissé que cette amitié n'inquiète personne. d'Erbel (à Ballanche) - Dites donc,
Ballanche, en attendant d’être à Loyasse en charmante compagnie,
pouvons-nous compter sur la vôtre lundi pour le pèlerinage au Mont
Cindre. Je suis venu du Dauphiné pour cela; Terret et Jean Payen en
seront, d'autres amis aussi - neuf en vous comptant -tous sérieux
"comme bien s'accorde", j'entends hommes capables de se forcer quand
ils sont à table. Ballanche - J'ai été invité à ce
"mâchon"„ comme on dit ici, on termes si tentateurs que le philosophe y
sera entraîné par le gourmand que je confesse être aussi. C'est même en
vers que j'ai été invité ! Terret - En vers ! Oh !Montrez-les
moi ! d'Erbel - Montrez-les au
Président de la Société des Arts et du Commerce... de l'alimentation Ballanche - Je le ferai, si ma
grande amie m'y autorise, mais j'ai peur de • • •
-20-
paraître à ses beaux yeux un
vulgaire mouton; détonnant parmi ses belles relations. d'Erbel - Mais non, elle est
Lyonnaise, elle comprendra ! Mme J. Récamier - Allez, Ballanche,
Mme Récamier ne vous entend pas, mais Juliette Bernard vous écoute. Ballanche sort de sa poche "le
billet d'invitation à Ballanche" et le lit : Huit bons vivants, tous aimant la
gaîté, Ne craignant pas la bonne chère, Dans un repas se tirant bien
d'affaire, Gens de bonne société, Dont l'estomac est surtout réputé, Sachant par coeur Grimod de la
Reynière Avant-hier en petit comité Après avoIr parlé, dit, redit,
consulté, (Terret parla le moins selon
l'usage) Ont résolu de faire un grand
pèlerinage Au Mont Cindre, et déjà le jour est
arrêté Ce doit être celui qui suivra
le dimanche Vulgairement lundi. Je viens mon
cher Ballanche, Au nom de tous t'exprimer nos
désirs De te voir partager nos innocents
plaisirs, Oui, tu viendras, donne-m'en ta
parole, Nous nous amuserons et ce sera bien
drôle Mais je te vois déjà le coeur ému, Ouvrant tes deux grands yeux, très
gravement me dire, Mais que mangera-t-on ? Ami
tout est prévu Connais nos grands desseins, je
venais t'en instruire, Deux chapons vrais bressans, bien
dorés, bien dodus Et d'un manteau de lard artistement
vêtus, Figureront d'abord. Ma préface te
touche, Déjà l'eau t'en vient à la bouche, Quel coeur à ces grands noms ne
serait attendri ! Vient ensuite un pâté de forme
spacieuse, Au sein duquel repose enseveli Un levreau de six mois d'une chair
savoureuse, Et sagement par une main fameuse, De truffes, de jambon bien serré,
bien rempli, Le chef-d'œuvre de Roux, quel est
le gastronome Qui ne révère pas le nom de ce
grand homme? Ce n'est pas tout, nous aurons un
filet, Un cervelas brodé de truffes
noires, Du bon faiseur. Le choix est-il
parfait ? Voilà de quoi je pense exercer la
mâchoire. Et la sagesse ordonna ce banquet. Mais boirons-nous du vin de
l'Hermitage ? J'ai pressenti cette objection sage
Loin de nous ce projet, tu connais
notre goût, C'est trop bourgeois, vin du
crû çà dit tout. Quelques-uns d’entre nous (que le
Bon Dieu bénisse) Poussés d'un désir sensuel, ans les recoins du caveau paternel,
Ont guetté flacons, 'ô' nuit
soit-leur propice !
-21-
Couvre de ton manteau leur généreux
dessein L'un a promis du Chambertin Dix-huit nent deux, l’ autre du
Lachassagne, Vieux de dix ans, l’âge est
heureux, Celui-ci du Bordeaux, l'autre du
Condrieu, Et si tout va selon nos vœux,
nous aurons encore du Champagne. Terret qui parle peu, Caussonel le
chasseur, Tonin le sobre, Aimé que chacun aime, L'excellent de Boissieu
, charmant par sa douceur, Alexis qui fait rire et ne rit pas lui-môme,
Tous gens d'esprit et digérant au mieux, Assisteront à ce banquet
joyeux, Que de bons mots, que d'heureuses saillies, De calembours, de
vives réparties, Vont s'échapper du vin mousseux I Viens avec nous,
viens racler à nos voeux, Le charme de ta bonhomie, Tu pourras rire en
bonne compagnie, Tu boiras bien, tu mangeras pour deux, Et vers le
soir, la panse bien garnie, La tête chaude et l'âme réjouie Nous te
ramènerons heureux. Tous : Bravo! Les femmes : Et nous n'en
sommes pas !Oh ! ces hommes ! Mme Delphin - Je vous donne ma
bénédiction à une condition : vous me rapporterez les reliefs du festin
pour mes pauvres. Mon cocher attendra devant l'église de St Cyr.' Jean Payen - Je grimperai sur le
siège, je ne suis pas grand et je suis sûr de trouver de la place
puisque je suis optimiste ! Je le serai plue que jamais après le
Condrieu, le Bordeaux et le Chambertin 1802 I (Air des Chevaliers de la
table ronde) Un pèlerinage au Mont Cindre Sans
avoir nos Femmes avec nous...Sans avoir oui oui oui etc—. Condrieu,
Bordeaux et Champagne Des chapons dorés et dodus..., des chapons oui
oui oui—, Et le soir le coeur tout en l'ho Reviendrons l'âme
sanctifiée...Reviendrons oui oui oui
-22-
INTRODUCTION AU TROISIÈME Le Compère - Comme nous
venons de le voir, n'est-ce pas, l'aîné des fils de Jean Payen était
Louis. La Commère - Oui, je comprends,
Jean François Payen vu au premier tableau a eu pour fils Jean, acteur
principal du second. Le programme nous annonce la fête de son fils
Louis. Mais cornent se fait-il que l'action ait lieu à Ecully ? Le Compère - Mais ne savez vous
pas, ma chère, que la famille entière s'est établie à Ecully. (Air "Nous l'avons bâtie la chère
Maison") Peu distant d'Ecully
Non loin d' la
Greysolière Il est une maison
Est une autre
maison Louis Payen l'a bâtie (bis)
Imitant son beau-père(bis)
Greysolière est son nom(bis)
Cyrille Cottin la fit (bis)
Et partout alentour Poussèrent d'autr’ maisons Si bien que la famille(bis)
Eculloise devint (bis)
Un des plus grands plaisirs de
Louis Payen, était de réunir sa famille à Ecully, chez lui, et sa
maison était largement ouverte à ses enfants et beaux-enfants. La Commère - Mais tous les
personnages annoncés au programme ne sont pas des enfants de Louis. Les
Payen, je comprends, mais les Cottin et les Gindre ? Le Compère - Mais selon toute
ressemblance, ce-sont dei filles de Louis qui ont épousé Monsieur
Gindre et Monsieur Cottin. La Commère - Ah ! C'est pourquoi
Cottin c'est Payen et que nous sommes cousins. Le Compère - Il me semble, mais ,
ça vaut vraiment la peine de le vérifier. Savez-vous qu'un superbe
arbre généalogique a été dressé dans le salon ? La Commère - Comment ? Mais je ne
savais pas. Le Compère -Jais si. Le Compère et la Commère- Eh
bien, allons voir. 3ême TABLEAU par Stéphane Brachet PERSONNAGES: M Louis Payen 61
ans MMe Louis Payen, née Delphine
Belmont 50 ans Cyrille Cottin 28 ans Mme Cyrille Cottin, née Louise
Payen 25 ans
-23-
Claude Gindre 26 ans Mme Claude Gindre, née Zoé
Payen 23 ans Edouard Payen 22 ans Ennemond Payen 21 ans Charles Fayen 18
ans Augustin Payen 17 ans Octave Payen 12 ans Léon Payen 10 ans (La scène se passe à Ecully, au
château de la Greysolière, Préparation de la fête de Louis Payen. En
scène, Delphine Payen, assise tricotant. Entrent en courant Octave
pleurant, poursuivi par Léon). Octave - Maman, Maman. Delphine Payen - Voyons qu'y a-t-il
? Octave - Y a Léon qui m'a lancé un
caillou en plein dans la figure. Delphine Payen Mon pauvre Octave,
tu ne pourras donc jamais te défendre contre ton garnement do frère Léon - Ce n'est pas ma faute !
J'avais visé la statue de Diane Chasseresse pour finir de la démolir,
je l'ai ratée, et Octave, qui s'était placé juste derrière, a reçu la
pierre en plein visage. Delphine Payen - Combien de fois
vous ai-je dit de ne pas vous amuser à ce jeu-là. Toi, Léon, tu devrais
être puni, et ce serait bien dommage aujourd'hui, puisque nous allons
souhaiter la fête de votre père. (Entrent Zoé et Augustin). Zoé Gindre - Je cherche partout
Léon pour lui faire réciter son compliment une dernière fois. Voyons,
Léon, Dépêche-toi, tu as juste le temps pendant que notre père examine
avec notre beau-frère Cyrille les derniers plans de sa propriété, Léon (commençant sur un ton
espiègle.) "Un mort s'en allait tristement S'emparer de son dernier gîte Un curé s'en allait gaiement. Enterrer son mort au plus vite, Delphine - Je crois que cette
foie-ci, Léon, tu mérites vraiment une punition. Léon (montrant Augustin) - D'abord,
ce n'est pas à moi de réciter le compliment, car je ne suis pas le plus
petit! Augustin - Vous êtes tous
témoins que même mon plus jeune frère ne me respecte pas, je vais être
obligé de prendre des échasses ! (A ce moment entre Edouard, l'air
rayonnant). Edouard - C'est tout bonnement
merveilleux ! Delphine - Quelle bonne
nouvelle nous apportes-tu ?
-24-
Édouard - La propriété de Cyrille
sera un véritable château. La salle à manger sera comme une salle de
gardes. Nous voici revenus à Louis XII. Gare aux fantômes 1 Ça me
rappelle les propriétés anglaises. Rien n’as. été négligé. Si le
château principal est imposant, les communs n'ont pas été oubliés. Ah!
si Charles voyait le plan des écuries !!! Zoé Gindre - Ce n'est pas tout ! Il
faut que nous soyons prêts pour cette fête. Octave, va battre le rappel
de tous les absents, et n'oublie pas les fleurs! Delphine - Mes chers enfants, votre
père sera bien touché de tout le mal que vous vous donnez pour la
Saint-Louis. Quel bonheur que d’être tous réunis à cette occasion. En
effet, votre frère Charles va nous quitter, il part bientôt rejoindre
les zouaves du Général de Sonis. Édouard - Toute cause noble et
juste trouve un ardent défenseur en Charles. Octave - (qui rentre tout
essoufflé) - Tout le monde arrive, mais je n'ai pas pu trouver Ennemond
dans toute la maison. J'ai été jusque chez Lyobard qui a ramené les
plus belles fleurs du jardin. Il m'a dit qu'Ennemond était parti de
grand matin avec son chevalet sous le bras. Quel chef-d'œuvre va-t-il
nous ramener ? (Pendant ce temps entrent Louise
Cottin avec des fleurs dans les bras et son mari Cyrille Cottin,
Charles en cavalier, Claude Gindre). Tous - Quelles jolies fleurs ! Louise Cottin C'est l'œuvre de
Lyobard qui les a cultivées avec amour pour qu'elles s'épanouissent
pour la Saint-Louis. Il ne pouvait mieux réussir. (à Zoé Gindre): Bonjour ma sœur !
Quelle joie de te revoir! Cette robe en taffetas puce te convient à
merveille: Tout ce qui est puce est fait pour toi ! Ce tissu sort
certainement des nouveaux métiers de la Croix-Rousse. Zoé Gindre - Mais oui ma chère !
C'est un taffetas très réduit. Mais la tienne ma chère, est à la
dernière mode ! Cette faille gaufrée amarante fera le succès de la
maison Bonnet ! Les bouillonnés sont moins bien réussis, on dirait
vraiment la mère Chamotte et ses gaufrettes (A ce moment entre Ennemond avec un
tableau sous le bras). Ennemond - Voilà mon cadeau! un
tableau sans nul doute magnifique. La Greysolière dans son cadre de
verdure. Vous n'en direz des nouvelles et vous ne douterez plus de mes
capacités artistiques. Et dire que je vais être ingénieur et m'enfermer
dans le pays sale et laid de Bessèges pendant que tous les rochers,
tous les ports et tous les couchers de soleil de la côte d'Azur
attendent que je les fixe sur mes tableaux. Quel sort cruel quand même (Tout le monde se précipite pour
regarder le tableau, mais Ennemond le montre d'abord à sa mère). Tous - Montre vite, il n'y a pas de
temps à perdre. Charles - Mais Ennemond tu as
vraiment du talent !
-25-
Ennemond - (In n'est jar ais méconnu que par los siens t Charles
- Et si tu avais placé un ou deux chevaux dans la prairie, je te
donnerais filon 20 sur 20. Louise (qui a été regarder dans les
couloirs).- Chut, j'entends Papa qui vient par ici. Delphine - Mes enfants
Êtes-vous prêts ? Léon prend vite les fleurs. Ennemond n'oublie pas ton
tableau. (Tous les enfants se groupent et
Louis Payen entre majestueusement). Tous chantent sur l'air de Petit
Papa).: Mon Cher Papa, c'est aujourd'hui
votre fête, Pour la souhaiter tous vos enfants
sont là.
(Puis ): Bonne fête Papa, Bonne
fête Papa, ... Léon Payen s'avance, embrasse son
père et lui offre ses fleurs. Ennemond offre son tableau. Remerciements
et félicitations de Louis Payen). Delphine - Louis, Léon a quelque
chose à te dire. Louis Payen - Bien, j’écoute. Léon - Père, Je ne suis pas le plus
petit, mais je suis le plus jeune. Aussi tous m’ ont-ils chargé de
leurs voeux Saurais-je vous le dire avec esprit
? Dans la Famille -vous le savez
bien, Les sentiments profonds se cachent
un brin Sous un persiflage Peu sage Mais aujourd'hui Trêve aux plaisanteries. Nos coeurs sont lourds Charles va partir Tous ensemble, quand nous
reverrons-nous ? Avenir...que seras-tu ? N'importe ! Il est entre les mains de Dieu Notre frère le veut, Sans révolte, Faisant bloc avec lui, "Dieu premier servi" Sera notre panache. Père, A travers les âges, Tous autour de vous Bénissez-nous. (Léon se précipite embrasser son
Père). • • •
-26-
Louis Payen (s'avançant vers
l'avant-scène). Nies chers enfants, je suis trop ému pour vous faire un
discours. Je vous remercie et je forme le vœu que l'union et
l'affection soient toujours l'apanage de notre famille, comme elles
l'ont été chez nos parents et grands-parents. Vous qui représentez
l'avenir, venez de me donner l'assurance qu'il en sera toujours (Tous reprennent ! Bonne Fête Papa,
Bonne Fête Papa, et puis un chantant: Mon Cher Papa, c'est aujourd'hui
votre fête.... Fin du 3ème TABLEAU CONCLUSION---- Tous les acteurs du 3ème tableau
viennent de terminer la chanson : "Mon cher Papa, c'est aujourd'hui
votre fête... Le piano continue sur l'air du couplet. Pendant ce temps
le compère et la commère entrent en scène suivis des acteurs des 1er et
2ème tableaux. Puis ils chantent "Mon cher grand' père c'est
aujourd'hui vot’ fête Pour la souhaiter, vos p'tits enfante sont là
Nous amenons avec nous vos ancêtres Qui â not’joie, veulent aussi
s'associer.... Le compère, la commère, le Choeur,
tous les acteurs): "Mon petit Louis, cl est
aujourd'hui vot’ fête Pour la souhaiter tout' vot’ famille est là" Le compère - Eh bien, ma chère, je
crois que maintenant c'est fini. La séance est terminée. La commère- (regardant son
programme) - Oui, 3ème tableau, Ecully.. - c'est vu..., Il ne reste
plus rien. Le compère - Le mieux à faire est
de s'en aller. Mais ils nous regardent tous, aussi bien ancêtres que
descendants. On dirait qu'ils attendent quelque chose. La commère - Évidemment. Vous vous
êtes permis d'ouvrir le spectacle, Ils attendent que vous vouliez bien
le conclure. Le compère - Moi ? Mais comment ? La commère - Dites donc
un ou deux mots, quoique chose. Le compère - ....Je cherche.... (Le piano joue la ritournelle de
"Tout va très bien, Mina la Marquise)
-27-
Chers spectateurs l'on vous libère Nous sommes maintenant persuadés Quo vous savez, comme on l'espère Qui furent les Delphin Récamier. Le coeur - Trop vite, mon cher, Nous voici arrivés A Louis Payen notre grand Père Pourtant il faut Il faut que l'on vous dise Il manque encore un petit rien, Un rien du tout, Une bêtise, Souffrez que l'on vous contredise, Vous oubliez le reste de la
famille, Tous les Gindre et tous les Cottin.
Le Compère - Pardon, pardon, c'est
hors de doute, C'était une faute d'étourderie; De la famille, je vous écoute, Faites la généalogie. Le Choeur - Eh bien voilà La généalogie Des enfants du Grand'Père Payen Charles tué au combat du Bourget Edouard devint gendre des
Tresca Louise épousa Cyrille Cottin Et Marie Sabran Augustin Zoé s'unit avec Claude Gindre Ennemond Isabelle Coste Octave Marie Louise Sauzey Léon Françoise Chardiny. Eh bien voilà pourquoi nous pouvons
dire Que tous nous sommes ici cousins. Le compère- Ah ! Je comprends !J'y
suis à présent. Nous sommes tous cousins et nous nous sommes réunis
dans cette maison bâtie par nos ancêtres. Nous sommes là, tous
ensemble, pour fêter le centenaire de la mort de Jean Payen. A nous de
savoir conserver cette maison pour nous y retrouver en 1961 et célébrer
le bi-centenaire de sa naissance. A ce moment le chœur et tous les
acteurs chantent! “ Nous l’avons bâtie la chère
Maison….” et toute notre vie nous la
protégerons.
- 28 -
AU NOM DES GENDRES ET BELLES FILLES “LES AUTRES” par Henri GROS Si est ce jour à l'honneur des
Payen, Point ne m'en plains ni jamais m’en
offense, Mais je voudrais que l'on n'oublie
en rien Ceux dont aussi vient nombreuse
assistance. Faut être deux pour avoir des
enfants, N'y pouvons rien, car c'est loi de
nature, Et pour cela moi je défends Ceux
qui ne sont de Louis Payen bouture. J'entends, par là., les pièces
rapportées, Ou les alliés, comme il plaît qu'on
les nomme, Et oui font bien, si je sais les
compter, Bonne partie de la fête qu'on
donne. N'est-il pas vrai que ce sont les
meilleures Puisqu'on les a, me semble-t-il,
choisis, Et non trouvés, chacun, heur ou
malheur Parmi les fleurs et les choux par
ici ? Mais ne veux pas être trop mal
poli, Et faire accroire à vous que suis
hâbleur. S'ils sont venus aux Payen
d'Ecully, C'est qu'ils ont vu qu'était là
leur bonheur. Tout est donc bien, et si dans
cette fête Beaucoup de nous n' ont pas de sang
Payen, Tout comme vous, nous avons bonne
tête Et pour vous tous, le cœur, nous
l'avons bien!.... Henri GROS
-29-
AU NOM DES GENDRES ET BELLES FILLES “LES AUTRES” par Henri GROS Delphine BERNE gravit d'un pas
alerte Les Marches du Perron et conclut la FÊTE en ces termes: Mes Chers Amis, " En ma qualité de doyenne de cette
magnifique génération actuelle de Payen, tandis que vous évoquiez si
admirablement tous nos ancêtres, ceux que nous n'avons pas connus et
ceux que nous avons connue, "je voyais tous ces ancêtres planer
tout autour de nous, car les invisibles ne sont pas des absents, et ils
semblaient me dire : “Toi, qui a “ l’honneur, comme doyenne d’une
génération, de nous représenter, "parle !..mais parle-donc !Pas n'est
besoin de phrases;les actes d'aujourd'hui sont plus éloquents que
toutes les paroles. "Dis-leur seulement combien nous,
les ancêtres, qui les entouront aujourd’hui, sommes heureux et fiers de
la splendide lignée qu’ils nous ont donnée, et que, par cette brillante
glorification de la famille Payen, en cette belle fête du centenaire de
la lignée, ils ont bien mérité de leurs ancêtres!!...”